L'avis du cinéphile : Bien avant qu'il réalise certains des meilleurs films américains des années 1970 (Les collines de la terreur, The mechanic, Scorpio, Death Wish...), Michael Winner travaillait déjà en Angleterre sur une série de films régulièrement brillants. Ce West 11 est l'une de ses premières oeuvres, dans laquelle l'on perçoit déjà le cynisme, la radicalité et la noirceur ironique que Winner affichera clairement par la suite dans ses chefs-d'oeuvre. Drame social à tendance thriller, West 11 narre les aventures d'un solitaire, d'un être humain qui verse progressivement dans la sociopathie au contact d'une histoire qui fait de lui le bourreau autant que la victime. Plastiquement, Winner affiche déjà son goût pour le baroque et le naturalisme, le grotesque et le sublime mêlés. Ce qui rejaillit évidemment sur l'écriture de ses personnages, dont la structure mentale répond à une humanité aussi bête et arrogante que desespérée et démunie.
Chez Winner, on y renvoit dos à dos toute forme d'idéologie et de posture. On se moque et on s'effraie en même temps. Ce n'est pas un cinéma très aimable, mais extrèmement percutant et remarquablement lucide. Sa formation de monteur fait le reste, avec une mise en scène concentrée sur l'essentiel, un découpage très précis et le refus de toute facilité narrative. Son personnage central, éponge des dérèglements de son (notre) temps, est la matrice de ses futurs personnages d'anti-héros névrosés, en décalage avec leur monde et tentant vainement d'y échapper... Matrice donc, notamment, du futur Paul Kersey de Death Wish et dont Charles Bronson sera la figure légendaire. West 11 est une raison de plus de redécouvrir Winner et de lui redonner la place qu'il mérite tant, parmi les meilleurs cinéastes de ce qui restera probablement comme la période la plus créative et libérée de l'histoire du cinéma mondial : les années 1970.
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