Appelé en pleine nuit à soigner un jeune gangster pour une blessure à la main, un médecin alcoolique décèle une affection plus grave, la tuberculose. Il tente de soigner le jeune homme qui ne veut rien entendre, et malgré les disputes et les menaces, il se prend d'amitié pour lui. Le chassé-croisé des deux hommes que tout oppose trouvera une issue tragique dans les milieux violents de la pègre japonaise.
L'avis du cinéphile : Il y a des collaborations dans l'histoire du cinéma qui font les grandes heures de celui-ci... Ainsi régulièrement, une rencontre entre un réalisateur et un acteur débouche sur une compréhension mutuelle, un partenariat propice à la réussite fondamentale d'un film, une amitié parfois... Il y en a eu pléthore : John Ford et John Wayne, Anthony Mann et James Stewart, Jean-Pierre Melville et Alain Delon, Michael Winner et Charles Bronson, pour ne citer que quelques-uns des duos les plus connus... Sur un film, la rencontre prend alors des allures de miracle, et s'en suit d'autres films, parfois même un certain nombre. C'est le cas de Akira Kurosawa et Tochiro Mifune. Le réalisateur alors en pleine ascension et le diamant brut qui ne demandait qu'à libérer sa force. Kurosawa et Mifune, ce sont 14 films d'exception menés ensemble. Le même nombre que pour John Ford et John Wayne (on ne comptera pas le coup de main donné par Ford à son poulain sur Alamo)... Ce nombre semble être l'une des nombreuses ressemblances entre ces deux duos, peut-être les deux plus puissants, prolifiques et longs de l'histoire du cinéma. Excepté le fait que Kurosawa et Mifune connaitront une relation de travail extrèmement orageuse qui aura raison de leur collaboration près de 17 ans après ce premier film.
L'ange ivre, c'est un magnifique drame social de personnages torturés et cherchant le salut parmi les détritus de cette partie insalubre de la ville (la fameuse décharge à ciel ouvert, véritable styx qui se mord la queue et dont personne ne ressort jamais). Kurosawa signe là très probablement une oeuvre qui restera parmi les plus cruelles de sa carrière, une observation de la pauvreté dans ce qu'elle possède de plus tragique et désespérée (un motif récurrent tout au long de sa filmographie). Il dirige en outre deux de ses trois plus grands acteurs fétiches : le remarquable Takashi Shimura et bien entendu le tout à fait incroyable Toshiro Mifune. Ce dernier capte immédiatement l'oeil de la caméra, bouge comme personne, hisse son personnage à un niveau dramatique hors du commun, et affirme une présence charismatique qui fera indéniablement de lui une super star, d'abord japonaise, ensuite internationale. L'humanisme de Kurosawa fait le reste, accompagnant cet acteur de toute la poésie dont il est capable. Et inutile de préciser que cela monte très haut ! Un grand film.
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